Daronne, solo dans la party

25 Mai – 6 Juillet, 2024

Cliquez pour télécharger le dossier de l’artiste Florence Reymond

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Texte de Cécile Cano

RUINES NOUVELLES
L’histoire de l’art n’a eu cesse de se nourrir de contradictions, de peurs, en réponse à des forces d’attractions et des désirs.
La peinture de Florence Reymond nous entraîne précisément dans cette tension cicatricielle.
Apparait alors un nouveau territoire entre le lavis et l’empatement pour mieux nous protéger des images dévoilées. L’artiste s’imprègne du réel, de l’observation des quotidiens, de son quotidien et nous détache de nos connus et croyances.
Sa pratique, sa facture, nous apparaissent ainsi tout à la fois étrangères et familières.

L’histoire et les principes chromo phobiques ont mis en opposition les couleurs et le noir et blanc, l’incertain et le superficiel face au constant et au préparatoire.
En contradiction, elle associe le dessin à l’inconscient et démontre un engagement chromatique évident et fondateur. S’engage alors un dialogue attentif et continu avec les couleurs qu’elle travaille parfois jusqu’à une phase râpeuse qui ne quitte plus la toile et par extension nos pensées. La couleur devient alors structurelle, poutre porteuse de l’esquisse, et relate sa fascination pour la saturation des Hanbok, Divali et Holi.

Sa peinture nous rassure : sur nos conditions humaines, sur la place de l’erreur, sur l’incroyable nécessité de l’existence. Elle rend les cohabitations possibles, transforme sa toile en un site de rencontre.
Dans ce nouvel espace, l’artiste travaille le bord, la marge, se joue des déséquilibres pour mieux inviter la constance et la confiance. Elle se sécurise par l’appréhension du jaune, matière difficile à apprivoiser, et fait de ces aplats un manifeste à la domestication colorimétrique.

EXPOSER SA PENSÉE : ATTENTION PEINTURE VIVANTE !
Sa démarche laisse la place à la construction d’une pensée en mouvement, quatrième dimension épistémologique de son travail. Ici démarre la fiction ou plutôt une autre lecture du réel.
Chacune de ses peintures constitue ainsi un acte, un monolithe. De cette stabilité naissent les agitations.

Joseph Beuys en 1980 installait à la Documenta de Kassel 7000 blocs de basaltes sur la place publique, témoins du bouleversement dans notre relation au monde. Chaque pierre était enlevée à la condition d’un arbre planté.
Cette même connexion et interdépendance qualifie la démarche de Florence Reymond, entre réel et acte artistique, entre surface et volume, entre radicalité et souplesse, mobilité et immobilité.
Et si vous demandez à l’artiste quand prend fin son geste, elle vous répondra : « Quand la peinture devient vivante ».

Elle cherche alors à capturer l’instant, celui de ses pensées, d’un souvenir convoqué, pour ne pas les oublier ou pour qu’ils deviennent simplement réels et partagés.
Le pictural est une pratique artistique du stable, du constant, historiquement de ce qui reste. Il transforme notre rapport à l’image et au réel, en le reproduisant ou en le déformant. Florence Reymond a pris le parti d’une pratique du mouvement pour capturer les vivants.

JOUER AVEC L’ÉPHÉMÈRE
La série « Les furtifs » ici présentée dans le cadre de l’exposition, oeuvres récentes de l’artiste, s’inscrivent dans cette recherche. Ils sont tout à la fois violents et poétiques. Cette intention se manifeste par le reflet, l’effacement, par ajout de matière pailletée et collage d’éléments parasites.
L’artiste convoque également dans ces toiles ce qu’elle nomme « la touche amateure ». Faire à la manière de, se détacher par ricochets d’une histoire du pictural épaisse. Copier mal pour devenir créateur : une pratique non consciente dont elle s’empare avec amusement et maîtrise.
Ses oeuvres questionnent et revendiquent : la place de la femme de 50 ans ( la daronne ) dans la société, l’ironie et la beauté des grands ensembles et de ses habitants ( les crabes rapides ), cette jupe qu’on enlève et qu’on enfile, les ondes dont on se protège, la vitesse et la rapidité d’une société idéalisée par le mouvement futuriste et aujourd’hui re questionnée.
L’artiste échappe ainsi à sa manière à ces violences urbaines en échafaudant des systèmes furtifs.

Dans ces territoires cathartiques, l’intention de Florence Reymond n’est pas sans faire écho à celle d’Odilon Redon, peintre pré impressionniste de la fin du XIXème siècle. Elle s’inscrit ainsi dans une démarche prospective parallèle ayant pour objet de « substituer à la réalité le rêve de la réalité ».

Cécile Cano, avril 2024
Tropismes / Super Cellule

 

Florence Reymond (1971), vit et travaille à Paris.
Son travail a récemment été présenté à l’Assault de la Menuiserie (Saint-Etienne), MO.CO (Montpellier), galerie Artdirekt (Bern), Aponia (Le Monastier-sur-Gazeille), galerie Hyperbien (Montreuil), la Maison des Arts (Chatillon), Le Creux de l’enfer, Thiers.
Sa première monographie, intitulée “La montagne cent fois recommencée”, a été publiée par “Analogues” en mars 2014 (édition bilingue français/anglais).

Florence Reymond (1971), lives and works in Paris.
Her work has been seen at Assault de la Menuiserie (Saint-Etienne), MO.CO (Montpellier), galerie Artdirekt (Bern), Aponia (Le Monastier-sur-Gazeille), galerie Hyperbien (Montreuil), Maison des Arts (Chatillon), Le Creux de l’enfer (Thiers).
Her first monograph, untitled “La montagne cent fois recommencée“, was published by “Analogues” in March 2014 (bilingual French/English edition).

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