158, rue Lafayette, 75010 Paris
access code 7823 / intercom gaudel de stampa / 2nd floor
Thursday-Friday, 2-6pm
Saturday, 2-7pm
T + 33 (0) 1 40 21 37 38

 

MOMMY ANSWERS
with
Emma Passera
Lisa Signorini
Jacqueline Signorini
Costanza Solari
Monika Soszynska
Gaia Vincensini
November 21 – December 20

 

Text by Mark Alizard (in French only)

Il n’y a que trois sortes de personnes qui ne se connaissent ni père ni mère : les orphelins, les hommes d’affaires et les artistes ; ces derniers peut-être parce qu’ils sont un mélange des deux autres.
Comme l’orphelin, l’artiste est un être dont le génie semble devoir jaillir de nulle part. Comme l’homme d’affaires, il vendrait ses parents pour un beau vers.

Cela n’implique évidemment pas que les pères et les mères ne puissent pas apparaître dans une œuvre d’art. Ils et elles le font fréquemment, comme la mère transfigurée en araignée de Louise Bourgeois ou
The Painter’s mother de Lucian Freud. Mais c’est alors au titre de sujet, voire de support d’un fantasme.
Ils et elles n’ont d’importance que celle que leur prête leurs fils ou leurs filles. Ils ou elles n’ont pas voix

au chapitre. C’est à peine d’ailleurs s’ils ou elles sont invités au vernissage des œuvres qui les concernent.

Le projet singulier de Gaia Vincensini, Emma Passera et Lisa Signorini de s’exposer avec leurs mères n’en est que plus remarquable. On peut y voir un acte subversif d’un genre nouveau à l’endroit de l’institution artistique, une entaille dans le pacte secret qui lie l’artiste et son collectionneur. D’autant que ce n’est pas seulement avec leurs mères, mais avec le travail de leurs mères, qui est lui-même artistique, qu’elles ont choisi d’exposer leurs œuvres. Ce travail est parfois celui de professionnelles de l’art – factrices de marionnettes dans le cas de la mère de Gaia Vincensini, Costanza Solari, créatrices de bijoux dans celui de la mère d’Emma Passera, Monika Soszynska – parfois non, comme dans le cas des poèmes de la mère de

Lisa Signorini, Jacqueline Signorini venant elle, du milieu académique. Quoi qu’il en soit, leur juxtaposition ne produit jamais l’effet d’une confrontation, d’une comparaison, comme ç’aurait sans doute été le cas d’une exposition d’hommes (les œuvres de mon père vs. mes œuvres), il suscite une réflexion sur les ressorts, conscients et inconscients, de la transmission d’une pratique, sur l’impureté fondamentale du produit fini présenté au public.

C’est ainsi que ce projet en évoque d’autres : il se laisse inscrire dans la grande tradition moderniste de contestation de la fabrique illusionniste de la valeur de l’art. Il donne une suite à l’histoire qui a vu Support/Surface retourner des tableaux pour montrer leur canevas, Hans Haacke révéler le nom des mécènes de ses musées, Robert Rauschenberg exposer les commandes de ses galeristes. Sinon qu’ici, il sort du monde clos de l’art, il fait entrer dans le white cube l’inconvénient même d’être né.

A l’heure où les IA peuvent littéralement produire des œuvres d’art par « immaculée conception », sans le besoin d’avoir un corps, du désir, un passé, d’une manière qui répète le mythe du génie tout en le vidant de sa substance, on parie que ce geste d’inscrire, à l’inverse, la genèse d’une œuvre dans une filiation de chair et de sang, aura des successeur.rices.

Mark Alizart
novembre 2025

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Gaia Vincensini (b. 1992, Geneva) in her artistic practice, draws on a wide range of skills: traditional engraving techniques (on copper or zinc plates) or more advanced laser processes, ceramics and its wide range of applications, which lead her to reflect on the links between artistic and social practices.

Recent solo shows : Rue Princesse, Paris ; Anco, Ancona ; Fondazione Sant’Elia, The Swiss Institute, Parlermo ; Mamco, Geneva ; Fiac 2021, solo presentation w/ Gaudel de Stampa, Paris ; Martina Simeti, Milan ; Terzo Fronte, Roma ; TunnelTunnel, Lausanne ; Alienze, Lausanne ; 186f Kepler, NY ; Forde, Geneva ; Gaudel de Stampa, Paris.
Recent group shows :La Rada, Locarno ; CAN, Neuchâtel ; Mayday, duo show with Mona Filleul, Basel ; FRAC Lorraine, Metz ; FRAC Corse, Corte ; gallery Edouard-Manet, Gennevilliers ; Kunsthaus Langenthal, Langenthal ; Swiss Institute, NY ; Weiss Falk, Basel ; Palais de Tokyo, Paris ; Confort Moderne, Poitier ; Normandy Hôtel, Paris ; Kunst Halle Sankt Gallen, St. Gallen ; Centre d’Art Contemporain Geneva, Geneva ; Häusler Contemporary, Zürich ; MABA, Nogent-sur-Marne.

With Eliott Villars and Kim Coussée, she founded a collective project based on prints, embroidery and clothing entitled INNER LIGHT.

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Emma Passera (b. 1997, France) develops a practice that spans installation, video, and sculptural work, rooted in metallurgy and « orphaned » objects found near her studio.

Her work has been presented in group exhibitions at FRAC Corse, Corte ; Galerie High Arts, Paris ; Palais des Beaux-Arts, Paris ; Fitzpatrick Gallery, Paris ; Confort Moderne, Poitiers ; Museum of Sculpture, Oronsko and Collectible Design Fair, New York.
She has held solo exhibitions at PAL Project, Galerie Derouillon and Galerie Rooomservice in Paris.

She is also co-founder of the curatorial collective MOTHER and has participated in curatorial projects at Exo Exo, Palais des Beaux-Arts, and FRAC Corse, Corte.

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Lisa Signorini (b. 1989) is a multidisciplinary artist. Her practice includes drawing, video, and writing. She also works professionally as a psychic medium. 

She has presented solo exhibitions at 18Murata, Tokyo ; Georg Kargl Gallery, Vienna and EA Shared Space Gallery, Tbilisi.
Her work has been presented in group exhibitions
at institutions and fairs such as the Palais de Tokyo, Paris ; FRAC Corse, Corte ; Liste Basel, Basel ; NADA Miami, USA ;  Soft Opening, London and ROMEO NYC, USA, among others.

During her residency at Lafayette Anticipations (2023), she developed and produced her own Oracle deck.

 

MOMMY ANSWERS _ PR _ Gaudel de Stampa, Paris

Gaudel de Stampa
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