Mis Favoritos

May 24 – July 20, 2018

 

Delia Cancela, Mis Favoritos, Gaudel de Stampa, Paris, May 2018 Delia Cancela, Mis Favoritos, Gaudel de Stampa, Paris, May 2018 Delia Cancela, Mis Favoritos, Gaudel de Stampa, Paris, May 2018 Totoro in front of the mirror, 2004, Mixed media on fabric, book, thread, glass, plastic, 32,5 × 24 × 11 cm Delia Cancela, Elsa Schiaparelli, 2004, Mix media on fabric, thread, 21x 42 x 7 cm Nicolas de Stael, 2003, Mixed media on fabric, book, thread and elastic band, 23 x 15 x 2,5 cm. Oum Kalsoum, 2004, Mixed media on fabric, book and thread, 21 x 13 x 3 cm. Georgia O’Keefe, 2005, Mixed media on fabric, books and thread, 27 x 18 x 12 cm. 

 

Geste sur terrain d’ambiguïté

Delia Cancela a commencé à envelopper des livres dès 2002.

Elle a ainsi réuni un ensemble de pièces recouvertes de tissus, mouchoirs, étoffes anciennes où se déploient des visages d’écrivains, cinéastes, musiciens, tous personnages réels ou fictifs. Avec ces figures qui appartiennent à ce popoloso deserto que l’on appelle la vie, les dessins de l’artiste forment un catalogue d’êtres chers, un paysage de la proximité.

Delia propose un jeu au visiteur. D’un côté, elle lui suggère de regarder le dessin dans l’espace et de le parcourir pour découvrir ses différentes faces et que se dévoilent les textes ou visages qui s’y étalent. De l’autre, elle  clôture la lecture du livre en l’invitant à défaire le chemin, changer sa relation propre à l’oeuvre et la démonter pour que se révèle le texte qui s’y cache.

L’objet se transforme en un espace où se plonger avec les sens dans un faire traditionnel féminin : on y verra les textures des tissus, on suivra les coutures du doigt et on le mettra à nu en défaisant ses noeuds. Et dans cette proximité avec l’univers textile les visages en mouvement se font robe, couvrant la toile en une galerie de favoris.

Jusque là, les livres conjuguent marque d’attachement – par la collection même – et jeu pour le spectateur. Mais ces oeuvres de Delia Cancela sont aussi des gestes qui se construisent sur un terrain ambigu : envelopper les livres, c’est autant en prendre soin – de ce soin que l’on accorde à nos objets précieux ou affectionnés- qu’un geste d’adieu ou de crainte, comme lorsque nous devons abandonner un lieu ou cacher quelque chose qui serait en danger.

Le voyage est justement au coeur de ces livres. Dans l’une des séries de l’artiste, Cartas Postales, textes et images surgissent de cartes envoyées par des amis dans les années 70, faisant que ces phrases abandonnent la légèreté de la carte postale pour se lier au poids du livre enveloppé.

Dans d’autres, il s’agit d’alléger les pièces puisqu’elles doivent voyager dans une valise, et ce geste qui a un objectif concret finit par transformer les oeuvres, en séparant l’enveloppe du livre qui lui avait donné forme une fois.

Avec ces sens et sentiments mouvants se développent les images que Delia Cancela déploie sur les toiles depuis le début des années 2000 avec laquelle les tragédies collectives ont ouvert le nouveau siècle.

Peut être que ce serait là l’autre sens caché qui se mêlerait à ce fond ambigu : où l’histoire vient charger la pièce en ajoutant un pli à la toile qui enveloppe.

Agustín Díez Fischer

Mai 2018

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Delia Cancela is an Argentinian artist living and working in Buenos Aires and Paris.

She was at the heart of the international avant garde scene of the 1960’s. As an emerging artist in the 1960’s, her work was included in the exhibition “Arte Nuevo de la Argentina” (‘New Art of Argentina’, 1964) which was co-organized by the Instituto Torcuato Di Tella (ITDT) and the Walker Art Center, in Minneapolis. From her earliest works, the feminine genre is at the heart of her practice and research. She introduces the language of fashion in the sphere of art.
Delia Cancela held her first full exhibition “Love and Life” at Galería Lirolay, Buenos Aires in 1965, together with her partner, Pablo Mesejean, combining painting, set design, music and performance. A grant from the French government enabled them to travel to Paris in 1967. On their return to Argentina they participated in “Experiencias 68”. During 1968, they held a fashion show “Ropa con Riesgo” (‘Clothing with Risk’) at ITDT. From 1970 to 1975 they lived in London where they started the Pablo & Delia clothing brand.
From the 1980’s Delia Cancela held solo exhibitions in South America, Europe and Asia. In the last years she won several awards and was nominated as exceptional personality in the cultural field by the city of Buenos Aires.

Selected exhibitions solo or collective include : “Pablo and Delia London years 1970-75” at Judith Clark Gallery (2001), “The World Goes Pop” at the Tate Modern (2015), “International Pop” at the Walker Art Center in Minneapolis and the Dallas Museum of Arts (2016), and at the Museum of Arts in Philadelphia (2017). She also participated in “Excentricos y Superilustrados” at the Museum of Modern Art in Buenos Aires. In 2017, she was invited to contribute to “Radical Women” at the Hammer Museum of Los Angeles and in 2018 at the Brooklyn Museum.

In November 2018, she had a solo show at Museo De Arte Moderno in Buenos Aires.